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Le déclin vertigineux des populations d’oiseaux

Rédigé le Vendredi 18 Mai 2018 à 11:30 | Lu 431 fois


En moins de trente ans, 421 millions d’oiseaux ont disparu du continent européen, une hécatombe révélée par une étude publiée dans le journal scientifique Ecology Letters.


Près de 90 % de cette disparition a été enregistrée chez 36 espèces d’oiseaux communs telles que le moineau, l’étourneau, la perdrix grise et l’alouette. Richard Inger, chercheur à l’Institut pour l’environnement et le développement durable à l’université d’Exeter qui a participé à l’étude, souligne que l’état des lieux est d’autant plus alarmant que les espèces les plus communes concernent les oiseaux les plus utiles à l’équilibre des écosystèmes.

Les causes du déclin vertigineux pointent les méthodes agricoles modernes, l’usage intensif de pesticides éradiquant les insectes dont se nourrissent les oiseaux, la détérioration de la qualité environnementale ou encore la fragmentation de l’habitat naturel.

« C’est un avertissement qui vaut pour toute la faune européenne. La manière dont nous gérons l’environnement est insoutenable pour nos espèces les plus communes », prévient Richard Gregory, de la Société royale pour la protection des oiseaux, qui a codirigé l’étude.
 

La Liste rouge des espèces menacées en France

La Liste rouge nationale est une démarche d’évaluation permettant de mesurer le degré de menace pesant sur les espèces d’oiseaux recensées sur le territoire métropolitain, pour chacun de leur statut de présence (nicheur, hivernant ou de passage). Le bilan rendu en 2016 a été mené par le Comité français de l’Union internationale pour la conservation de la nature et le Muséum national d’histoire naturelle, en partenariat avec la Ligue pour la protection des oiseaux, la Société d’études ornithologiques de France et l’Office national de la chasse et de la faune sauvage. Huit ans après la première évaluation, l’actualisation de la Liste rouge des oiseaux nicheurs montre une situation préoccupante et aggravée pour les 284 espèces se reproduisant sur le territoire métropolitain : 92 d’entre elles sont menacées, soit 32 %, contre 26 % en 2008. Les résultats mettent en évidence les pressions multiples qui pèsent sur l’avifaune. L’intensification des pratiques agricoles et la régression des prairies naturelles ont entraîné le déclin de nombreux oiseaux nicheurs, particulièrement des passereaux. L’alouette des champs, qui nidifie au sol et qui recherche sa nourriture en fouillant la terre, désormais classée « quasi menacée », est emblématique de cette diminution des oiseaux associés aux milieux agricoles. De nombreux passereaux granivores communs, tels que la linotte mélodieuse, le bouvreuil pivoine, le chardonneret élégant ou le serin cini, présentent un déclin marqué de leur population, lié au net recul des jachères et des chaumes hivernaux dans lesquels ils trouvent leurs ressources alimentaires. D’autres oiseaux sont concernés, comme l’outarde canepetière, qui a subi une perte de 60 % de ses effectifs en trente ans et qui se trouve « en danger », ou la bécassine des marais, dont la population nicheuse est aujourd’hui réduite à moins de 50 individus et classée « en danger critique ». Les oiseaux nicheurs inféodés aux milieux humides sont également affectés par la dégradation de leurs habitats. Le butor étoilé, classé « vulnérable », est particulièrement sensible à l’atterrissement des roselières et à une gestion inadéquate des niveaux d’eau. Le martin-pêcheur d’Europe, quant à lui, est victime de l’artificialisation des berges et de la pollution de l’eau, qui réduisent ses ressources alimentaires. Les rapaces sont particulièrement menacés par l’électrocution sur les lignes à haute tension et le dérangement de leurs sites de reproduction du fait des activités récréatives. C’est le cas par exemple du gypaète barbu, classé « en danger ». D’autres sont affectés par la raréfaction de leurs proies, comme les lapins de garenne. Parmi les espèces marines se reproduisant en métropole, le macareux moine et l’eider à duvet, déjà victimes de pollutions dues aux hydrocarbures, risquent désormais d’être affectés par une réduction de leurs ressources alimentaires liée au changement climatique. De manière générale, l’augmentation de la température entraînera vraisemblablement à l’avenir la modification de l’aire de répartition de nombreuses espèces d’oiseaux nicheurs, dont certaines pourraient disparaître de l’Hexagone en raison du glissement de leur répartition vers le nord. Durant la période internuptiale, la France métropolitaine accueille également de nombreuses populations d’espèces en migration (hivernantes ou de passage), parmi lesquelles au moins 15 espèces sont menacées sur le territoire.



Le déclin vertigineux des populations d’oiseaux

85 % des nicheurs en PACA

PACA est une des régions de France dont la biodiversité est la plus riche, grâce à la combinaison de ses influences méditerranéenne et alpine. Selon les groupes biologiques considérés, la région abrite de 50 % à plus de 90 % de la totalité des espèces connues en France métropolitaine. On y trouve près de 85 % des espèces d’oiseaux nicheurs (235 espèces sur 277). Cinq espèces nicheuses sont considérées comme « disparues »de la région, dont trois qui sont fortement liées aux zones humides. On retrouve dans cette catégorie, deux espèces éteintes en France métropolitaine : la sarcelle marbrée et le traquet rieur et trois espèces fortement menacées : le pigeon biset, la rémiz penduline et la guifette noire. Plus d’un tiers des espèces d’oiseaux nicheurs de PACA est menacé de disparition (82 espèces menacées sur 235 espèces évaluées). La comparaison avec les résultats des listes rouges mondiale et nationale montre que, au total, si 12 % des espèces d’oiseaux sont menacées au niveau mondial, c’est plus du double au niveau national et près du triple au niveau régional (35 % d’espèces menacées en PACA).

 

Les libellules aussi y laissent des plumes

La Liste rouge nationale des libellules a porté sur les 89 espèces présentes sur le territoire métropolitain. Les analyses réalisées montrent que 11 espèces sont menacées et que 13 autres sont quasi menacées, tandis que 2 espèces ont déjà disparu. Les résultats mettent en relief les principales menaces qui pèsent sur ces espèces, dont les atteintes faites aux zones humides, qui constituent leurs habitats naturels. Cette réduction associée à un déboisement des rives constitue par exemple l’une des principales menaces pour la cordulie splendide, classée « vulnérable ». Les aménagements rompant la continuité des cours d’eau, comme la construction de barrages, modifient également l’écoulement de l’eau et la qualité des habitats aquatiques, affectant plusieurs espèces. Les plans d’eau comme les mares, les étangs ou les lacs font eux aussi face à d’importantes dégradations. Le leste à grands ptérostigmas est ainsi particulièrement affecté par l’artificialisation du littoral et se trouve classé dans la catégorie « en danger ». L’intensification des pratiques piscicoles et l’empoissonnement des étangs ont également des conséquences sur les populations de libellules. C’est le cas pour la leucorrhine à gros thorax, classée « quasi menacée », dont les larves pâtissent de cette gestion intensive des plans d’eau. D’autre part, les prélèvements effectués dans les nappes phréatiques pour les besoins agricoles et industriels entraînent une baisse significative des niveaux d’eau et conduisent à un assèchement précoce des ruisseaux et des rivières. La dégradation de la qualité de l’eau, du fait des pollutions industrielles, agricoles et domestiques, constitue un autre facteur de régression. Ces menaces sont très présentes sur les ruisseaux méditerranéens notamment, où l’agrion bleuissant est désormais classé « en danger ».

Les 180 espèces ailées de la réserve ornithologique de Haute-Provence
Inaugurée en février 2016 sous l’égide de la LPO 04 (Ligue de protection des oiseaux) et la Cistude (association pour la protection de la nature et pour la promotion d’un développement durable dans le val de Durance), la réserve ornithologique de Haute-Provence s’étend sur l’ensemble du carrefour Bléone-Durance. Le site regorge de richesses avifaunistiques, souvent dissimulées dans l’enchevêtrement des roseaux, cachées dans l’habitat de la ripisylve (végétation bordant l’espace aquatique) ou encore camouflées dans les bancs de graviers de la Durance. D’autres espèces se laissent en revanche facilement contempler sur les étendues d’eau. Ce sont ainsi 180 espèces d’oiseaux qui ont pu être observées dans la réserve, 140 d’entre elles sont visibles. Les lacs de l’Escale, des Mées et la retenue de Malijai composent cet espace de biodiversité. Le belvédère de Châteaux-Arnoux offre une vue d’ensemble sur le lac de l’Escale. La découverte du site peut être prolongée en suivant le sentier du tour du lac, qui permet d’admirer plus en détail les différents habitats, de contempler la course précipitée de l’aigrette garzette, le vol léger et capricieux de la guifette noire ou encore la grégarité de la sarcelle d’hiver. Ancienne gravière visant à apporter les matériaux nécessaires à la construction de l’autoroute A51, le lac Joël-Siguret est devenu un lieu de détente et de loisirs pour les Méens. Le site abrite plusieurs oiseaux dont le chevalier guignette, le fuligule milouin et la bouscarle de Cetti. D’autres espèces comme le guêpier ou le loriot d’Europe laissent parfois apparaître leur plumage étincelant. Il est également envisageable d’y contempler le rarissime fuligule nyroca, dont l’observation reste une expérience inoubliable pour les ornithologues avertis. Sur la retenue de Malijai, berceau de libellules, il est encore possible de rencontrer le fameux castor d’Eurasie, plus gros rongeur d’Europe.


rongeur d’Europe.

 

Le vautour percnoptère suivi de près

Le vautour percnoptère est l’espèce animale la plus menacée du parc naturel régional du Luberon et de la réserve de biosphère Luberon-Lure. En PACA, une vingtaine de couples seulement se reproduisent chaque année, dont 4 dans le Luberon. En 2018, les parcs naturels régionaux lancent une action conjointe pour la sauvegarde de cette espèce, en partenariat avec la LPO et le Conservatoire d’espaces naturels PACA. Dans le Luberon, le Verdon, les Alpilles, le Ventoux et les Baronnies provençales, l’espèce fera l’objet pendant deux ans d’un suivi renforcé et d’opérations de sensibilisation (dont la réalisation d’une exposition). L’objectif est également de construire des placettes de nourrissage contrôlées, mises à la disposition des éleveurs pour déposer leurs bêtes mortes et ainsi proposer une ressource alimentaire, cruciale pour l’espèce pendant sa période de reproduction en Provence. Ce programme est financé par l’Agence française pour la biodiversité.

 

RTE vole au secours des rapaces

RTE a installé plus de 290 balises sur quatre kilomètres de ligne haute tension, permettant aux rapaces qui peuplent le parc du Verdon de mieux les visualiser. Le dispositif vise ainsi à diminuer notablement les risques de collision sur ce territoire propice à la nidification pour de nombreuses espèces protégées, dont la colonie des vautours du Verdon. Cette dernière compte aujourd’hui 160 couples de vautours fauves, 1 couple de vautours moines, les deux espèces ayant fait l’objet d’un programme de réintroduction, et enfin 1 couple de vautours percnoptères. S’y ajoutent d’autres espèces de rapaces, pour certaines fortement protégées, comme le circaète Jean-le-Blanc, l’aigle royal ou le gypaète barbu.

 

 

Un hôtel à insectes sur le site de l’Occitane

Depuis une année le jardin de l’Occitane est un refuge LPO. Lors de son inauguration, les employés de l’entreprise ont pu participer à des ateliers dont l’un consistait au remplissage d’un hôtel à insectes, préalablement conçu par la LPO PACA, puis mis en place par l’équipe technique de l’entreprise. Un essaim d’abeilles (Apis mellifera) y a très rapidement pris ses quartiers. L’hôtel a dû être délocalisé pour la sécurité des employés et des visiteurs du site et a rejoint le rucher de l’Occitane à quelques centaines de mètres de l’usine.

 

Quel est le rôle des oiseaux ?

Les oiseaux sont présents, visibles ou audibles, dans la quasi-totalité des écosystèmes mondiaux. Ils sont de bons indicateurs de la santé des milieux naturels. Ils régulent la production végétale et contribuent à la dispersion des végétaux en disséminant leurs graines. Les oiseaux prédateurs (insectivores, piscivores et carnivores) contrôlent les populations des autres espèces, évitant ainsi leur prolifération. Pour leur part, les charognards jouent un rôle essentiel dans la lutte contre les maladies en nettoyant les écosystèmes.

 

LEG 1 : Les grandes aigrettes, parmi les nombreuses familles d’oiseaux à contempler dans la réserve ornithologique de Haute-Provence.

 

LEG 2 : La colonie des vautours du Verdon sous haute protection.

 

LEG 3 : RTE a installé dans les gorges du Verdon, 290 balises anticollisions.

 

LEG 4 : Répandue en Provence, la mésange bleue sur la pente du déclin.


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